Cachemire, soie et laines...

En file indienne, le long des sentiers qui lechent les falaises, notre jeep racole les sommets parmi tant d’autres vehicules a pattes ou a roues.La vue serpente, j’ai le vertige d’un tel denivele qui progresse sans cesse, traversant villages et hameaux. Les singes bordent oisivement la route et se rient sans doute de nous voir, nous cretaces instable compactes dans un cube mobile. Autour des pins et des fleuves enrages fleurissent les temples hindous, ornes de drapeaux de feux, suivent alors les Sadhous, saints trecker brules de soleil, esquintes de leur eternelle quete... mais que de beaute dans leurs pagnes et turban saumon! Au creux des sommets, nous passons un long tunnel pour entrer en territoire du Cachemire. Vaste Ètendue de riz et de ble,plante en escaliers dans les vallees percees de lacs. Nous accostons a Srinagar, a bord d’une fameuse "house boat". Notre vaisseau mere se compose d’un equipage familial. Cuisine, entretient, navette, nos hotes s’activent en ce debut de saison. Un parfum de cardamome dans mon the, une douce etoffe sur les epaules, nous sommes maitres du navire. La shikara nous ballade de jardins mongols en marches flottants, la vie lacustre expose ces plus belles ressources. Echouees au sol, les hommes defilent en fantomes, boubous de laine et bourcas œil de chat, le Pakistan a quelque kil de la, la region entiere est musulmane. Peut importe la religion, ici, on veut sortir de l’impasse du terrorisme, des separatistes, 20 ans de galere, de peur et de creve-la-faim. Maintenant, l’armee cadre chaque parcelle, chaque virage, rien n’est stable encore, et l’on redoute l’attentat qui vulgarisera encore la zone en simple colis export de chales et tapis de soie. Retour un peu plus au Sud, trop de flingues en tete, on se dirige vers le hippi-land des montagnes. Planete MC Leod Gang la perle des touristes flowerpower. Les dreds locks se mÍlent au menu crane des moines bouddhistes, et l’on sirote un lassi en mirant sur les terrasses les jeunes yogis en pratique. Que de connexions, la journee se rythme de divers cours et lecons organisees dans ces betisses superposees. Les tibetains ont tisses leurs marches, ils sont indeniablement installes. Ville refuge depuis 1956, mene par le Dalai Lama, leur doux visage pacifie des epreuves souffre encore des maux, mais c’est au soir qu’ils expriment leur colere et leur message de toute paix par un long cortege de moines et de civils chantant l’Om Mani Padme Hum. File d’emotions. Les requetes pour liberer un lama, stopper les tortures,arreter les persecutions s’etalent sur tous les murs et mettent le cœur en proie a l’espoir. Les prieres resonnent au sein du chorten, les rouleaux tournent, des milliers de drapeaux flottent, de tant d’elements emanent cette meme priere, ce leitmotiv merveilleux qui frappe comme un canon, foudroie comme un fusil, je suis percee de tant de tolerance et de promesse de paix. L’amour est une arme bien plus puissante que ces tas de ferrailles croises plus haut.